Jeudi 2 juin à 8h30, la classe de 5°7 a rencontré cette auteur, née en 1972, qui a passé son enfance en Ardèche et vit aujourd'hui en Provence.
Elle nous a d'abord proposé un jeu sur les personnages de son roman
"Quand la révolte gronde". Suite à nos questions, elle nous a présenté ses sources : des journaux de 1936, un magazine sur la santé, deux cahiers de poésies et chansons, un petit livret qui servait de calculatrice aux commerçants, des cartes postales anciennes. Ces informations nous ont aidé à comprendre comment vivaient Emilie (l'héroïne) et son entourage à cette époque.
L'histoire se déroule pendant le Front Populaire. Les syndicalistes entraînent les ouvriers à se révolter contre des conditions de travail pénibles en faisant grève. Ils obtiendront de travailler 40h par semaine au lieu de 48h, les premiers congés payés et une augmentation des salaires. Comme beaucoup d'entre nous connaissent des lieux cités dans le roman (la ville de Privas, le Teil, le Pouzin...) nous pouvons nous représenter les déplacements des personnages. L'auteur nous a aussi expliqué comment elle gère son temps entre son métier de professeur d'histoire-géographie et son souhait d'écrire des romans. Elle a précisé que son roman a été écrit en un an et demi. A la fin de la séance, elle nous a lu un extrait d'un autre de ses romans "
Baptiste sans port d'attache".
Cette rencontre a été agréable et instructive. La classe de 5°7
Les élèves de 5°7, ont imaginé et écrit une lettre d'Emilie, l'héroïne du roman restée en Ardèche, à ses parents installés à Paris.
Le Teil, 1936
Chers parents
La vie à l'usine textile du Teil est très dure. J'ai énormément de mal à ne pas tomber de fatigue en plein travail. Grand-mère me manque. Heureusement, un évènement a bouleversé ma vie il y a peu temps. Un jeune cheminot appelé Vincent a simulé un accident devant mon usine. En réalité, il voulait distribuer des tracts contre les conditions de travail des ouvriers. Quelle drôle de manière de distribuer de la propagande ! J'ai décidé de m'engager à ses côtés. Il incite les ouvriers à voter pour le Front populaire. C'est vrai qu'il propose des mesures qui font rêver : 40 heures par semaine, salaire augmenté et même les premiers congés payés ! Quel bonheur ! Je pourrais rendre visite à Grand-mère le samedi et le dimanche. J'oubliais, je dors le soir dans une chambre meublée . J'espère que tout se passe bien à Paris, que Louis n'est pas trop difficile à gérer. Vous me manquez beaucoup.
A bientôt
Emilie écrit par Senot Zacharie
Chère
mère, cher père, cher Louis
Me
voilà arrivée au Teil. Je suis déjà exténuée par mon passage à
la cuve de teinture de l'usine de textile. J'ai l'impression que mes
bras sont en bois tellement j'ai mal. Je me suis installée dans une
chambre, meublée avec un lit en cuivre, une commode et un fauteuil, assez petite, mais je m'y plais bien .
A
côté
de ma chambre il y a Juliette. Elle tousse souvent à cause de la
poussière de ciment qu'elle respire à la sècherie de Lafarge. Elle
a eu une violente quinte de toux à table. Cela faisait peine à
voir. Il
y a aussi Rémi, qui travaille dans un garage, il répare les
bicyclettes. A l'usine, je me suis fait de nouvelles amies dont une
plus précisément, Marguerite. Elle est mère d'un petit
garçon.
Il
y a aussi la contremaîtresse, qui n'est pas très sympathique. Elle
n'est pas très accueillante non plus d'ailleurs .
Grand-mère
et vous me manquez énormément. Je
vous embrasse affectueusement...
Emilie écrit par Cassiopée Aounit
Chers
parents,
J'espère
qu'à Paris tout va pour le mieux depuis la grève.J'espère
également que Louis va bien.
Vous
serez sûrement heureux d’apprendre qu'à l'atelier nous avons
aussi fait grève durant huit jours. Nous avions peur de nous faire
renvoyer mais tout s'est bien passé. Bertier, le patron, s'est enfin
plié aux réformes. Maintenant, j 'ai le samedi ainsi que le
dimanche pour rentrer à Privas. Avec Mémé nous prévoyons même de
monter à l'Escrinet. Bientôt nous aurons nos premier congés payés.
J'espère que durant ces congés nous pourrons nous revoir. Louis a bien dû grandir depuis tout ce temps.
Peut-être
que je pourrais vous présenter Vincent. Il est cheminot et également
syndicaliste. Je l'ai rencontré devant l'usine de textile du Teil. Il distribuait des tracts dénonçant les conditions de travail
déplorables. Il est très courageux ! C'est grâce à lui que
nous avons pu faire grève à l'atelier : il nous amenait de
quoi manger et nous reposer. Il sait comment remonter le moral des
grévistes et il nous redonne espoir. Je pense que papa
l'apprécierait énormément.
J’aimerais
tant que durant nos congés payés nous allions ensemble à la mer.
Tata Léonie serait heureuse de nous recevoir. Je reverrais ma
cousine et toute la famille.
Je vous aime tendrement
Votre
fille, Emilie
écrit par Marie Leveugle
Le Teil, mercredi 22
Avril 1936
Chers
parents,
J'espère
que vous allez bien, vous deux ainsi que Louis. En ce qui me
concerne, l'usine de textile m' a débauché. J'ai été renvoyée mais
ne vous en faites pas, j'ai immédiatement cherché du travail. Je
travaille maintenant dans un atelier d'emballage d'articles de beauté. Le
travail à l'usine de textile était plutôt pénible : la teinte des
tissus par exemple. J'en ressortais avec des cloques aux mains. Mais
le travail à l'atelier n'est pas de tout repos non plus. Il faut
enchaîner les cadences sans s'arrêter. J'ai rencontré Rémi et
Juliette chez la logeuse, ils sont très gentils. Rémi travaille
dans un garage où il répare des bicyclettes et Juliette travaille
chez Lafarge, elle raccommode les sacs de ciment. Un accident s'est
produit devant l'usine de textile. Un cheminot est tombé de sa
bicyclette et s'est fait renversé par une voiture. C'était un
syndicaliste et il nous a distribué des tracts. Je ne sais pas
comment je pourrai le revoir...
Affectueusement
Emilie. écrit par Héloise Doisy
Chers
parents,
Je
vais bien malgré mon licenciement de l'usine textile car j'ai déjà
un nouveau poste. Cette fois ci dans l'emballage de produits de
beauté. Si
vous voyiez tous ces corsets et ces gants haut de gamme...
Je
suis bien logée et je rentre chez mamie tous les dimanches en
train.
Je suis quand même éreintée
par mon poste car nous avons des sièges inconfortables et les jambes
dans le vide toute la journée. De plus, nous travaillons selon le
système Taylor. Des syndicalistes nous promettent des congés
payés . J'aimerais tellement que cela arrive vite! Je pourrais
vous rendre visite à Paris.
J'espère que Louis a de bons résultats
scolaires et qu'il va bien. J'espère que vous allez bien aussi.
Tendres
baisers.
Emilie écrit par Pauline Habib
Cher
papa, cher maman,
J'ai eu beaucoup de mal à m'adapter au monde du
travail.
Je
vais bien malgré quelques rebondissements disons fâcheux dans ma
vie. Je dois vous dire ( sinon grand-mère le
fera à ma place) que j''ai été renvoyée de l'usine textile du Teil. Je sais
que vous allez être déçus, surtout toi papa. Je sais que tu m'as
beaucoup répété quand j'étais plus petite que le travail est ce
qui nous fait vivre et ce que l'on a de plus précieux, que nous
devons en prendre grand soin et que nous ne devons pas faire un pas
de côté afin de le conserver. Mais je peux t'assurer que mes actes
avaient des buts valables qui pourraient aussi changer ta vie, à toi
et à celle de maman.
Tout
d'abord j'ai rencontré quelqu'un. Attention! Je te vois d'ici maman
avec ton sourire malicieux. Je te conseille de ne pas trop
t'enflammer car sa rencontre est directement liée à mon renvoi... Il
s'appelle Vincent, et c'est un jeune cheminot syndicaliste. Je crois
deviner votre réaction! Mais ne vous inquiétez pas. Vincent a
distribué des tracts dans notre usine pour nous faire connaître les
causes des luttes très louables du Front Populaire. J'ai beaucoup
appris et j'ai lutté avec Vincent pour de meilleures conditions de
travail car tout n'est pas rose dans les usines, comme papa
peut en témoigner.
Malheureusement,
mon patron n'a pas vraiment apprécié mes engagements politiques et
m'a donc mise à la porte. J'étais honteuse, humiliée,
triste, et dans une colère noire. N'a-t-on pas le droit de lutter pour
un salaire plus juste? Je me suis mise en quête d'un nouveau travail
et je crois en avoir trouvé un. Est-ce que je serai engagée ?
Ça c'est une autre histoire. Surtout que dans cette région
les nouvelles vont vite et j'ai peur que mon parti politique effraie
les patrons. Mais je veux vraiment cet emploi, rien que pour vous
rendre fiers ainsi que grand-mère.
Quant à Louis, comment va-t-il ? Dans votre dernière lettre vous ne m'en avez presque pas parlé. Fait-il des progrès en écriture? Et vous, allez-vous bien? Dans votre dernière missive vous n'avez pas beaucoup fait étalage de vos sentiments. Je sais, maman, que parfois tu as honte de m'avoir laissée ici. Mais sache que je suis heureuse. Vincent y contribue. Même s'il est syndicaliste, c'est un homme de valeur. Je vous en conjure, croyez-moi sur ce point !
Avec les meilleurs sentiments de votre fille.
Emilie. écrit par Baron Anaé.